Le Morvan des "Petits Paris"

On les appelait les "Petits Paris".
Pas une ferme, pas une maison du Morvan qui n’ait abrité son gamin de l’Assistance. Souvent les enfants s’y retrouvaient à deux, trois, voire plus.
Dans les écoles de la région, ils formaient le gros des troupes, reconnaissables à leur blouse et leurs souliers. Pour tous, la même « vêture » fournie par l’administration. Des enfants qui, devenus grands, sont restés souvent, se sont mariés et « ont pris racine » sur cette terre rude. Parce qu’ici, « ceux de l’Assistance » n’étaient pas montré du doigt, ils constituaient un moyen de subsistance, ils faisaient partie du paysage. C’est même une particularité du Morvan, ce qui a forgé son identité. Un Musée des enfants de l’Assistance et des nourrices s’est d’ailleurs ouvert dernièrement à Alligny-en-Morvan (Nièvre) qui raconte cette histoire singulière.
Avec ses quatre départements (Yonne, Cote d’Or, Nièvre et Saône et Loire), la région a accueilli entre 1820 et 1950, environ 300.000 enfants de l’Assistance Publique, placés là par l’administration de ce qu’on appelait alors la Seine, la Seine et Oise et la Seine et Marne. Un phénomène d’une ampleur exceptionnelle, rapporté notamment à la population (120.000 habitants à la fin du XIXème siècle. Au début du XXème siècle, les « Petits Paris » représentaient au moins 10% de la population totale et 50 à 60% de la jeunesse...). Qui a nourri toutes les familles morvandelles. Ce qui fait dire à un historien que « l’élevage humain a été pendant longtemps la plus grande industrie du Morvan, plus encore, peut- être que l’exploitation et le flottage des bois ».
Nécessairement, des liens se sont tissés entre les familles d’accueil et les enfants placés.